Dessins du ciel profond extrême

Object information

Observations Details

Notes

T508

x159 Nagler 16mm/OIII-12nm

Il faut observer dès la nuit tombée car le LMC descend inexorablement sur l’horizon. Néanmoins la transparence exceptionnelle et le seeing très bon permettent une observation intéressante jusqu’à h ~ 15°.

Je connais bien la Tarentule pour l’avoir observée dès 2004, puis en 2006, 2008, et 2010. J’en ai fait un dessin en 2006, mais l’objet est tellement complexe, peut être le plus complexe du ciel, que mon dessin manquait de fidélité. Je décide donc cette année de m’y atteler en détail: au total, j’y ai passé près de 5h, étalée sur 3 débuts de nuit.

Alors qu’en 2006 je dessinais avec papier, crayon, et gomme, j’utilise depuis deux ans la méthode des isophotes avec croquis dessiné à même l’écran du PC, sur fond d’image photo; ceci me permet de m’affranchir de la mise en page, et de me concentrer sur l’objet, détail après détail, sans me soucier d’autre chose que le détail observé. Ainsi, le croquis prend forme, petit à petit, et n’est, au final, qu’une succession de détails juxtaposés… sauf que chacun est à la bonne place, et à la bonne échelle.

Le nombre de veines lumineuses, de "trous" sombres, d’entrelacs, semble sans fin. Chaque nuit je reviens sur telle ou telle zone, et j’y ajoute détail sur détail. Comme dans tout objet étendu, c’est l’isophote L1 qui est presque le plus difficile; dès que j’arrive à l’isophote L3 ou L4, je ne cherche pas à le dessiner dans son ensemble, mais je me concentre sur une zone, et je tourne, zone après zone, dans le sens des aiguilles d’une montre, jusqu’à faire le tour de l’objet.

x423 Ethos 6mm sans filtre

La Tarentule a ceci de particulier que c’est un objet très étendu, très évanescent dans ses régions externes, mais très lumineux et très complexe dans sa zone centrale, laquelle a un diamètre de moins de 3′. Il faut grossir considérablement pour analyser les veines lumineuses: elles me font penser à une corde avec laquelle on aurait fait deux ou trois nœuds, l’un sur l’autre !

Et au milieu de cet écheveau, l’amas 30 Dor est comme un amas globulaire, blanc pur, à la limite de résolution.

J’ai passé au total 3 fois 90 minutes, et il me semble que j’aurais pu y passer le double, en y découvrant continuellement de nouveaux détails. Au final, la Tarentule est un objet envoutant, à mes yeux le plus beau du ciel.

19 septembre 2006, Namibie Tivoli,  mvZ~7.4 SQMZ22.08+/-0.02!!! T0 P0 S1-2/159, Alt: 29.3°, Az: 157.5°

x159 Nagler 16mm/OIII

Christophe me laisse seul: il va manger les provisions du frigo de la cuisine ! J’en profite pour décider de faire un dessin de la Tarentule.

La tarentule est un objet extraordinaire. Certes, elle est moins brillante que Eta Carène, ou que M42 pour les régions centrales, mais extraordinairement plus compliquée, plus ramifiée, plus entrelacée. Le nombre de parties sombres est "infini"; les filaments les entourent, dessus, dessous, devant, derrière. C’est une fleur, une orchidée, en 3D, et je retrouve le souvenir de mes descriptions de 2004 06, avec pétales, étamines, et pistil.

C’est pour moi le plus bel objet du ciel.

A Tivoli, avec un ciel à SQMZ 22.10, et avec l’Obsession 20", c’est un objet extraordinaire: je pourrais dessiner des détails de plus en plus fins pendant encore des heures, et j’y ai pourtant passé près d’une heure et demie

Note 2009 03 27: cette observation ayant été conduite avec un filtre OIII, l’amas associé, 30 DOR, n’apparait pas avec son importance “normale”.

T280

15 juin 2004, Tivoli, Namibie, mvlonZ(Crv)>7.3!, SQM ~ 21.8+, T0, P0, S1/85 2/140, alt 16°

x51 Tele vue Plossl 55mm/UHC

La nébuleuse est très contrastée avec le filtre OIII, mais l’image est un peu sombre: je préfère l’UHC. L’image est beaucoup plus lumineuse qu’avec l’OIII. Je confirme mes impressions d’observation de hier.

Nébuleuse d’une grande complexité, très nombreuses zones sombres et filaments lumineux. Je confirme aussi l’impression d’une fleur compliquée, comme une orchidée vue de dessus, avec trois zones:

1) la plus brillante, qui fait penser au pistil et aux étamines. Elle est contenue dans un d1 ~ 5′

2) la zone des pétales entremêlés, et entre lesquels les zones sombres représentent l’arrière plan, sombre (ou encore les pétales qui auraient leur démarrage de couleur noire). L’ensemble dans un d2 ~ 20 ou 25′.

3) une large zone, de plus de 1°, et donc qui déborde le champ, notamment à l’W, de zones plus ou moins lumineuses ou sombres, très subtiles, dont NGC 2074 est l’exemple le plus brillant.

Sans conteste, je préfère la Tarentule à M42/43, par sa complexité, sa subtilité, son mélange de zones lumineuses et sombres qui s’entrecroisent et s’enchevêtrent (bien qu’il y ait quand même une structure radiale évidente). Par le fait aussi qu’elle se développe sur 360°, et non sur une seule moitié, comme M42.

14 juin 2004, Tivoli, Namibie, mvlonZ(Crv)>7.1, SQM ~ 21.8+, T0, P0, S2/80 3/165, alt 16°

x51 Televue Plossl 55mm/UHC

La nébuleuse est, malheureusement déjà basse sur l’horizon.

C’est un objet que je trouve particulièrement difficile à étudier. Il est très étendu, très complexe, beaucoup plus que M42. Il me fait penser à une fleur, compliquée comme une orchidée, vue exactement par dessus: avec des pétales lumineux, et des trous sombres, comme des creux, pour le pistil, les étamines, etc. Les différences de luminosité, les veines claires et sombres des "pétales", sont très détaillées et très subtiles. Par rapport à M42, le coeur est moins lumineux, mais la forme est plus homogène sur les 360°. NGC 2074 n’est qu’une des nombreuses zones claires qui s’étendent très loin autour du centre de la fleur.

x80 Pan 35mm sans filtre

Les nébulosités sont un peu moins contrastées, mais le nombre d’étoiles est beaucoup plus important, et redonne la réalité du champ très riche.

On peut aussi comparer la nébuleuse (en luminosité mais pas en forme) à un crane éclairé, avec le front lumineux, les lobes oculaires noirs sombres, les courbures des os marquées par le dégradé des brillances de surface, etc… (note le 2004 07 13: toutes ces comparaisons, ainsi que les descriptions un tantinet lyriques me sont venus à l’esprit in situ, naturellement, alors que c’était ma prémière vision de NGC 2070)

La Tarentule est, de loin, la nébuleuse brillante la plus complexe que j’ai jamais observée. Pour faire un bon dessin, il faut compter au moins 1 heure, ce qui est impossible maintenant, car la NB est à h ~ 13 à 14°, et qu’elle s’enfonce à la verticale.

L80

Même lieu, même heure, mêmes conditions d’observation que ci dessus, alt 11°

x14 Panoptic 35mm/UHC

Cette observation est faite après avoir observé l’objet au C11. De plus, la nébuleuse est basse sur l’horizon.

Bien sûr, la luminosité du champ n’a rien à voir avec celle du C11, mais la "fleur" est très lumineuse, et les trous sombres à l’intérieur se devinent. En VI éloignées, les nébulosités lointaines se voient parfaitement.

C’est à mon avis le meilleur compromis G/filtre. Le champ est très étendu autour de NGC 2070. Les trois zones concentriques, décrites au C11, sont moins évidentes, mais quand même bien reconnaissables.

Ce qui est surtout plus difficile à observer c’est l’enchevêtrement des zones lumineuses et sombres dans la zone 2: cette zone, avec l’enchevêtrement, est perçue en VI, et en ayant été préalablement reconnue au C11.